Aujourd’hui, l’économie de partage est une vraie tendance de fond qui s’inscrit dans tous les secteurs d’activités. Comment les entreprises peuvent-elles s’inspirer d’un tel succès pour innover ? L’économie de partage parvient-elle vraiment à créer de la valeur ? Rencontre avec MorningCroissant.fr, le concurrent français d’Airbnb et Trocathlon, le service occasion de Decathlon.
Économie de partage ou ubérisation de l’économie ?
Depuis le premier scandale des taxis UberPop, l’ubérisation de l’économie s’affiche à la une de tous les médias. Un concept révolutionnaire qui inquiète les acteurs historiques confrontés à cette nouvelle concurrence. Du côté des consommateurs, l’adhésion à cette tendance est un véritable raz de marée. La réussite du BonCoin, ou encore d’Airbnb en est la preuve et aucun secteur n’est épargné.
Mais alors quel est réellement l’ADN de ce business ? Selon Alix Tafflé, fondateur de MorningCroissant.fr, il s’agit d’une pratique qui consiste à « optimiser et partager des actifs non utilisés, par la mise à disposition des ressources existantes via un échange qui peut être monétaire ou non ». L’enjeu se situe ainsi à deux échelles : économique mais aussi écologique. « Il y a 10 ans, recycler était une démarche marginale, aujourd’hui elle s’inscrit dans la réalité des modes de consommation », souligne Anne-Sophie Jourdan, responsable du service Trocathlon. « D’où l’essor du marché de l’occasion qui n’a probablement jamais été aussi fort ».
La digitalisation au cœur des bouleversements
Avec la crise de ces dernières années, les citoyens plébiscitent la consommation « alternative ». L’économie de partage épouse aussi parfaitement le leitmotiv du web : mettre à la disposition des consommateurs une plateforme en ligne.
Une démarche d’autant plus simple pour Décathlon que l’enseigne propose, dans une logique évènementielle, un service de vente de matériel d’occasion depuis plus de 30 ans. De là à être présent sur le web, il n’y avait plus qu’un clic à franchir.
« Cette initiative a été impulsée par nos clients qui nous ont fait part de leur désir de pouvoir profiter du service toute l’année. La digitalisation du service s’est ainsi inscrite dans une écoute des nouveaux usages des consommateurs », poursuit Anne-Sophie Jourdan. De nouveaux usages qui collent parfaitement à la philosophie de Décathlon. Au final, la plateforme mise en priorité sur le conseil et sur des transactions plus sûres. Et cerise sur le gâteau, le client peut même venir retirer son article en magasin.
Repenser le business modèle
Pour autant, l’économie collaborative est-elle source de création de valeur ? Selon Alix Tafflé, il n’est pas toujours aisé de trouver le modèle économique adéquat. « Les plateformes en ligne pratiquent généralement une commission sur la transaction. Celle-ci ne doit pas être trop élevée pour que le produit reste accessible. Il est donc nécessaire de générer en parallèle un volume conséquent. D’où l’importance de bien évaluer en amont la taille du marché. Une fois cette étude de marché réalisée, le modèle profite à tous », rappelle le dirigeant de MorningCroissant. Et si l’on a des doutes sur la capacité de la marque à transformer l’essai, il suffit de regarder du côté de sa masse salariale. En quatre ans, elle a déjà recruté dix salariés.
Pour Anne-Sophie Jourdan, la création de valeur n’est pas essentiellement économique. Le service Trocathlon repose sur une attente forte de ses clients, pas sur une ambition mercantile. L’enjeu est de valoriser l’image de la marque et de fidéliser ses acheteurs. « Nous créons de la valeur grâce à la satisfaction. Car qui dit satisfaction, dit fidélisation et donc recommandation. Les utilisateurs de Trocathlon sont autant de potentiels clients de nos produits. Si ces derniers vont préférer acheter un vélo d’occasion, ils auront peut-être besoin d’un casque et d’autres accessoires neufs par la suite ». A l’instar de nombreux acteurs de l’économie de partage, l’objectif était de faire exister cette plateforme au plus vite, quitte à affiner le business model ensuite.
Dès lors, la question se pose : comment s’inscrire dans l’économie de partage ? Anne-Sophie Jourdan en est convaincue, les consommateurs attendent des initiatives innovantes de la part des marques. A elles de trouver le « bon modèle qui permettra de mixer le business existant avec de nouveaux services, en intégrant ces problématiques au cœur de la réflexion stratégique de la marque ».
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