E-commerce, retail : l’économie circulaire change les règles du jeu

Près de deux Français sur trois (60 %) achètent au moins un produit issu de l’économie circulaire tous les ans[1]. Le chiffre révèle un basculement : la circularité n’est plus marginale. Avec 42 % d’acheteurs réguliers[2], le réflexe s’ancre dans les usages. Il conduit de nombreux e-commerçants et retailers à adapter leurs modèles.

Économie circulaire : une obligation éthique – et légale !

À rebours du schéma « extraire, fabriquer, jeter », l’économie circulaire vise à préserver les ressources. Elle encourage la réparation, la réutilisation et le réemploi. Son objectif ultime : limiter l’impact environnemental de notre consommation. Plus qu’une démarche écologique, elle devient une logique de création de valeur durable.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), adoptée en 2020[3], marque un tournant dans la transition écologique française. Son ambition est claire : transformer notre modèle linéaire — produire, consommer, jeter — en un modèle circulaire. Il s’agit de favoriser le réemploi, la réparabilité, la durabilité des produits. À travers 130 articles, elle déploie des leviers concrets en vue de limiter toutes les formes de gaspillage[4] :

Depuis le 1er janvier 2021, les vendeurs — y compris les plateformes en ligne — doivent afficher un indice de réparabilité sur neuf catégories de produits électroniques et électroménagers[5]. L’indice, noté sur 10, permet d’évaluer si un produit est facilement réparable, selon des critères comme la disponibilité des pièces détachées, leur coût… L’objectif : rendre la réparation accessible, inciter à préférer des produits durables. Depuis le 1er janvier 2025, l’indicateur est remplacé par un indice de durabilité sur certains équipements électroniques. Il inclut de nouveaux critères comme la robustesse, la fiabilité…

Autre mesure forte : l’obligation d’information sur les pièces détachées. Le consommateur doit avoir connaissance, dès l’achat, de leur disponibilité. Les fabricants, de leur côté, sont soumis à un délai de 15 jours ouvrables pour fournir les pièces aux réparateurs[6]. Ces derniers sont tenus de proposer des pièces issues de l’économie circulaire afin de renforcer la logique de réemploi.

La loi AGEC a mis en place un bonus réparation de 15 à 60 €[7], applicable chez des réparateurs labellisés. Le montant, déduit directement de la facture, vise à rendre la réparation plus attractive par rapport au remplacement. Harmonisé au niveau national, il s’applique à une large gamme de produits : aspirateurs, téléphones, lave-linge…

Repenser les fondations : un modèle linéaire en perte de vitesse ?

L’acte d’achat évolue. 79 % des Français priorisent l’achat de biens issus de l’économie circulaire[8] lorsqu’ils sont confrontés à la nécessité de réduire leur budget.

La motivation écologique, bien que secondaire, reste quand même présente : 26 % des consommateurs y voient d’abord un geste pour la planète[9]. Le changement d’attitude pousse les marques à revoir leur manière de concevoir, produire et vendre.

L’économie circulaire séduit un nombre croissant de Français. En 2023, 65 % des consommateurs déclarent avoir acheté des vêtements via des circuits alternatifs au cours de l’année écoulée[10]. La  dynamique, aujourd’hui, dépasse cependant le textile. D’autres univers de consommation adoptent de nouveaux réflexes[11] :

  • Le secteur des loisirs et de la culture attire 57 % des adeptes de l’économie circulaire.
  • Il est suivi de près par les meubles et la décoration (54 %).
  • Le bricolage et jardinage, tout comme les jouets ou la puériculture, séduisent 48 % des Français.
  • Les appareils électroniques reconditionnés, quant à eux, ont convaincu 46 % des consommateurs.

Dans tous les secteurs, certaines pratiques gagnent du terrain : revente, réparation, seconde main, reconditionnement… Les produits high tech, les objets de décoration, les outils de jardin retrouvent une seconde vie. L’usage prime désormais sur le neuf.

Retail : quand la circularité devient une promesse commerciale

Des enseignes comme Décathlon proposent désormais des espaces dédiés à la revente de produits d’occasion[12]. La location d’équipements (mobilier, électronique, outillage…) s’installe dans les usages. Un service auparavant annexe devient un argument central.

Pour répondre aux attentes croissantes en matière de consommation responsable, Boulanger déploie une stratégie d’économie circulaire structurée. Avec plus de 200 magasins en France, 25 000 références en ligne[13], l’enseigne occupe une position forte sur le marché de l’électroménager. Elle engage aujourd’hui une transition profonde vers un modèle plus durable, dont l’économie circulaire est un pilier stratégique.

La durabilité guide désormais toutes les décisions du groupe[14] :

L’entreprise a annoncé des partenariats récents avec Reconomia.fr et Recommerce, deux spécialistes français du reconditionné.

Dans ses magasins, Boulanger a créé « L’atelier de Gustave ». Il s’agit d’espaces où les techniciens réparent les produits sur place. La volonté est de rendre la réparation accessible, compréhensible, naturelle.

L’indice de réparabilité de chaque produit est suivi de près. Certaines références peu vertueuses, comme certaines cuisinières à gaz, sont même retirées de l’offre.

Le retour produit ne marque plus la fin d’un cycle, mais son prolongement. Boulanger propose le rachat d’articles d’occasion remis en rayon. La nouvelle logique de circularité est incarnée par 2nd Life, une filiale dédiée au reconditionnement[15]. Son objectif est de prolonger la durée d’usage des appareils, d’offrir une alternative responsable aux clients.

Schmidt, de son côté, franchit aussi une nouvelle étape dans son engagement environnemental. Le groupe a dévoilé en février 2024 sa toute première cuisine éco-circulaire[16]. Issue de la récupération de quatre anciennes cuisines, la création illustre une approche concrète de l’économie circulaire. Elle vise à réduire l’usage de matières premières neuves, à limiter le gaspillage des ressources.

E-commerce : un laboratoire d’innovation pour l’économie circulaire

De nombreuses plateformes en ligne prouvent qu’il est possible de dégager une rentabilité sur un schéma circulaire – notamment dans le domaine de la seconde main. Le groupe Micromania-Zing est la référence en matière de revente de jeux vidéo d’occasion, sur le web ou en boutique. Certains pure players assument un positionnement éthique et développent des outils performants : certification, étiquetage, SAV…

Des start-ups innovantes développent des colis réutilisables, renvoyés après usage par l’acheteur[17]. La pratique réduit drastiquement les déchets liés au packaging. Des grands acteurs testent également des alternatives plus durables aux cartons à usage unique.

Algorithmes prédictifs, analyse de cycle de vie, traçabilité produit… La tech joue aussi un rôle central dans l’essor de l’économie circulaire :

  • Grâce à la donnée, les marques peuvent désormais suivre un produit tout au long de sa vie, anticiper sa dégradation, évaluer ses usages, voire prédire sa seconde vie. Un fabricant de lave-linge, par exemple, peut détecter via des capteurs connectés un dysfonctionnement puis proposer une intervention ciblée.
  • Les plateformes e-commerce peuvent utiliser l’intelligence artificielle pour recommander des produits reconditionnés adaptés à l’usage réel du client au lieu de proposer du neuf de façon systématique[18].
  • Côté logistique, les flux sont optimisés : stockage, retours, réemploi… Tout est calculé afin de limiter les ruptures tout comme les invendus. Une approche fine permet d’ajuster les stocks en fonction du taux de retour ou de panne anticipé.

 Une transformation culturelle et pas seulement opérationnelle

Intégrer la circularité suppose de dépasser les logiques court-termistes. Cela implique de revoir les KPI, d’éduquer les forces de vente, d’embarquer les partenaires logistiques. Des marques comme Boulanger investissent dans la formation à la réparabilité[19]. Les techniciens de l’enseigne proposent des formations à l’intention des clients dans les « ateliers de Gustave »[20].

Les consommateurs veulent comprendre ce qu’ils achètent. Selon une étude d’Asendia, acteur majeur de l’e-commerce international, l’authenticité devient un levier de fidélisation et de performance commerciale dans un contexte de consommation plus responsable.

Les consommateurs plébiscitent cinq valeurs clés[21] :

  • La franchise sur le respect des engagements (58 %).
  • La transparence sur les chaînes d’approvisionnement (43 %).
  • L’engagement durable (39 %).
  • L’affichage clair des valeurs (39 %).
  • La transparence vis-à-vis des fournisseurs (34 %).

Pour les marques, cultiver l’authenticité ne relève plus de la communication, mais d’une exigence stratégique. Elles font face à des clients plus attentifs, exigeants, sensibles aux preuves concrètes d’engagement.

Les entreprises pionnières attirent talents, investisseurs, clients. Elles se positionnent sur un marché en forte croissance, construisent une image en phase avec les attentes sociétales. À l’heure du doute, la circularité rassure !

***

L’économie circulaire redessine les contours du commerce. Pour les enseignes du retail comme pour les plateformes e-commerce, elle devient une matrice de transformation profonde. Pour aller plus loin, découvrez l’entretien croisé organisé par Cofidis avec des acteurs clés de la révolution en cours !

 

Les trois points-clés à retenir :

 

●       L’économie circulaire s’impose aujourd’hui comme un levier commercial stratégique, bien au-delà du seul enjeu de l’image de marque.

●       Les consommateurs attendent des preuves concrètes d’engagement : durabilité, transparence, traçabilité…

●       Retailers et e-commerçants innovent en continu pour prolonger la vie des produits, réduire l’impact environnemental de leur activité.

 

 

[1] https://csa.eu/news/leconomie-circulaire-une-arme-pour-lutter-contre-la-baisse-du-pouvoir-dachat-des-francais/

[2] https://csa.eu/news/leconomie-circulaire-une-arme-pour-lutter-contre-la-baisse-du-pouvoir-dachat-des-francais/

[3] https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire

[4] https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire

[5] https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire 

[6] https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire

[7] https://www.economie.gouv.fr/particuliers/bonus-reparation-comment-ca-marche

[8] https://csa.eu/news/leconomie-circulaire-une-arme-pour-lutter-contre-la-baisse-du-pouvoir-dachat-des-francais/

[9] https://csa.eu/news/leconomie-circulaire-une-arme-pour-lutter-contre-la-baisse-du-pouvoir-dachat-des-francais/

[10] https://csa.eu/news/leconomie-circulaire-une-arme-pour-lutter-contre-la-baisse-du-pouvoir-dachat-des-francais/

[11] https://csa.eu/news/leconomie-circulaire-une-arme-pour-lutter-contre-la-baisse-du-pouvoir-dachat-des-francais/

[12] https://www.decathlon.fr/reprise-materiel-de-sport_lp-MSHCCZ

[13] https://www.mondedesgrandesecoles.fr/boulanger-entame-sa-3e-revolution-et-entre-dans-lere-de-leconomie-circulaire-linterview-de-julien-oet/

[14] https://www.mondedesgrandesecoles.fr/boulanger-entame-sa-3e-revolution-et-entre-dans-lere-de-leconomie-circulaire-linterview-de-julien-oet/

[15] https://www.boulanger.com/info/presentation-boulanger

[16] https://www.groupe.schmidt/notre-premiere-cuisine-eco-circulaire/

[17] https://hipli.fr/nous-connaitre/

[18] https://www.mcfactory.fr/marketing-digital/ia-creativite-et-performances-le-trio-gagnant-de-back-market-pour-noel-2024/

[19] https://www.fnacdarty.com/fnac-darty-accelere-sur-la-formation-aux-metiers-de-la-reparation/

[20] https://www.mondedesgrandesecoles.fr/boulanger-entame-sa-3e-revolution-et-entre-dans-lere-de-leconomie-circulaire-linterview-de-julien-oet/

[21] https://www.geopost.com/fr/news/authenticity-is-now-a-key-new-driver-of-revenue-and-loyalty-for-global-shoppers-according-to-research-by-asendia/

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